Ascension du Stok Kangri (6153m) / Inde du nord / 2019 


Etre âgée de 14 ans et décider de gravir une grande montagne, c'est l'objectif de ma fille...

Le projet a fait son chemin depuis que Yuin a accepté de partir dans le Nord de l’Inde afin de tenter l’ascension d’une grande montagne. Rien d’obligatoire, aucune pression psychologique pour y arriver, uniquement un cheminement progressif en altitude en empruntant la route de New Delhi à Leh, une petite ville située dans les contreforts de l’Himalaya. Rien n’est vraiment organisé à l’avance : nous disposons de 3 semaines pour tout faire en autonomie totale. Une seule nécessité : s’adapter très progressivement à l’altitude. Yuin n’a jamais fait de sommet très élevé et il faudra observer son comportement avec vigilance. Le premier défi consiste à fuir le plus rapidement possible la pollution de Delhi pour se rendre à Manali par la route. Manali est une petite bourgade de montagne très agréable située à 2000 m d’altitude. Après 2 jours de petites escapades sur les montagnes environnantes, nous quittons Manali avec un bus tout-terrain en direction du du village de Keylong via le col de Rohtang à presque 4000 m.

Nuit à Keylong à 3000 m et poursuite de l'adaptation à l'altitude. Le lendemain sera une étape longue et difficile qui nous conduira à Leh après avoir franchi le col de Tanglang La à 5328 m, une des routes carrossables les plus hautes du monde. Chaque variation d’altitude joue en faveur de notre adaptation à la haute-montagne. Leh est une petite ville agréable surmontée de nombreux monastères qu’il est intéressant de visiter. Notre préparation se poursuivra par une virée motorisée sur route du Khardung La suivie d’un petit trekking à plus de 5000 m dans la neige. Deux jours plus tard, nous nous retrouvons sur la route du village de Stok (3600 m), point de départ de notre ascension du Stok Kangri. Yuin porte un petit sac à dos de montagne avec des vêtements chauds, un peu de nourriture et une frontale, je me chargerai du reste. Dès le premier jour de marche, nous atteindrons le camp de base (4960 m) en fin d’après-midi et nous installerons la tente. Tout se passe comme prévu et nous ne sommes pas arrêtés à Mankarmé situé plus bas car Yuin était en plein forme. Le plan d’ascension est modifié pour le lendemain afin de ne pas cumuler 2 jours très longs. Ainsi, le lendemain nous ferons un camp avancé vers 5200 m où nous serons les seuls à poser notre tente dans la neige. Nuit sans problème et départ à 2h du matin après un petit déjeuner un peu forcé…quelques minutes, à la lueur des frontales, je passe à travers la neige molle qui cache une rivière et me voilà trempé jusqu’aux genoux… Yuin continue seule dans la nuit tandis que je frictionne vigoureusement le bout de mes pieds. Tout est détrempé et je transforme mon bonnet et mon écharpe en chaussettes de fortune !!! La lueur de la frontale de Yuin est deja loin et je dois me hâter de la rejoindre.

Le glacier est peu crevassé et le jour commence à se lever au moment où nous atteignons la dernière partie de l'ascension un peu plus technique. Petit arrêt pour s'hydrater et apporter un peu d'énergie et Yuin est prête à repartir pour la dernière partie où la progression s'effectue de part et d'autre de l'arête sommitale.

La dernière partie de l'ascension est exécutée lentement et nous parvenons au sommet (6153 m) avec d’autres alpinistes au petit matin. Il fait froid mais il fait beau et nous profitons largement de ce moment de contemplation. Yuin est félicitée par tous les grimpeurs et l’émotion restera intense… Etonnement, à la question posée de savoir si Yuin souhaitait manger au restaurant à Leh le soir même, la réponse a été : ben…oui. Arrivée à Stok à 20h30 après 18h30 de marche et resto le soir vers 22h !!!. Mission accomplie.